Ouvrir sa maison d’hôtes : quelques conseils avant de sauter le pas
4 mars 2015 09:39
Propriétaires d’un château d’hôtes dans le Maine-et-Loire, Muriel Lacroix et son mari Pascal Pringarbe publient un guide afin de vous éviter les écueils liés à l’ouverture de chambres d’hôtes et de gîtes. La co-auteure de l’ouvrage revient pour Jemepropose sur les éléments essentiels à prendre en compte.
70.000 chambres d’hôtes et 40.000 gîtes sont répartis sur le territoire français, rappellent Muriel Lacroix et Pascal Pringarbe en introduction de leur nouveau livre « J’ouvre ma maison d’hôtes ou mon gîte ». Ces hébergements, qui représentent 10 % de l’offre touristique, font rêver bon nombre de particuliers. En effet, certains se voient déjà les heureux propriétaires d’une belle demeure où ils recevraient des visiteurs à tour de bras.
Cependant, la réalité semble bien plus complexe si l’on en croit Muriel Lacroix qui tente de ramener les poètes sur la terre ferme. « Enormément de personnes se lancent dans la maison d’hôtes par ras-le-bol de la vie citadine. Mais avant de démissionner de votre job, de vendre votre appartement et de changer vos enfants d’école, faites des tests », insiste-t-elle.
Sa légitimité, ce couple la tient non seulement de ses douze années en tant que propriétaires du château de la Morinière (chambres et gîtes) situé dans le Maine-et-Loire, mais également de ses nombreuses années à travailler pour le syndicat national des hôteliers restaurateurs. « Avec Pascal, nous avons vu des ouvertures, des fermetures de maisons d’hôtes, avec les mêmes soucis, les mêmes succès », souligne l’experte.
Celle-ci conseille donc dans un premier temps de contacter des propriétaires et de leur demander s’il est possible de vivre leur vie pendant une semaine. Au terme de ce séjour, que vous soyez dégoûté ou carrément emballé, vous serez fixé.
Si vous faites partie de la deuxième catégorie, Muriel Lacroix vous met de nouveau en garde. « Ne créez pas un lieu au-dessus de vos moyens. Acheter un manoir, le meubler avec de l’ancien, faire appel à un architecte, proposer d’entrée de jeu 170 chambres, c’est peut-être prématuré. Il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre. Commencez par une chambre, puis deux et trois. Etc.»
Elle poursuit : « Cela demande aussi d’avoir la santé ! Je suis debout tous les jours à 6h30 et je ne suis jamais couchée avant 00h45. Avec mon mari nous n’avons pas de week-end et nous ne partons en congés que 15 jours par an. » Et d’ajouter : « Il faut également se dire que l’on reçoit des inconnus chez soi ! Ce n’est pas évident pour tout le monde. »
Concernant les revenus, là aussi, c’est un peu la douche froide… « On ne vit jamais à 100 % de ce métier », souligne Muriel Lacroix. Elle encourage donc à maintenir une activité salariée, tout en sachant que des horaires de bureau ne sont pas compatibles avec cette vie. « Vous avez des visiteurs qui arrivent à 17 heures, d’autres qui partent à 11 heures », précise-t-elle.
Malgré ce tableau assez sombre, si Muriel Lacroix devait tout recommencer, « [elle] ferai[t] pareil », assure-t-elle. « Nous avons affaire à des gens délicieux avec qui nous discutons le soir. Les habitués viennent éplucher les légumes pour nous donner un coup de main. On se raconte nos vies. Et le lieu est extraordinaire. La région est exceptionnelle. Sans exploitation commerciale, nous ne pourrions pas vivre dans ce château, à moins de gagner 20.000 euros par mois », explique-t-elle.
Comme en introduction du livre, c’est avec quelques mots pour ses enfants, devenus « grands » qu’elle termine l’entretien : « Merci aux enfants de n’avoir jamais laissé traîner leurs cartables en rentrant de l’école. Merci de ne jamais être descendus en pyjamas. »
J'ouvre ma maison d'hôtes ou mon gîte !
De Muriel Lacroix et Pascal Pringarde
Illustré par Leslie Plée
Sortie le 4 mars 2015 aux éditions du Chêne